Les sciences humaines et sociales (SHS) jouent un rôle crucial dans la compréhension des besoins sociétaux et méritent une place importante au sein de l’écosystème de recherche et d’innovation. Ici nous nous intéresserons davantage à l’intégration des SHS dans les projets de recherche technologique et notamment dans ceux financés par l’État à travers le grand plan stratégique d’investissement France 2030. Succédant à France Relance et au PIA, France 2030 vise à développer la compétitivité industrielle et les technologies d’avenir avec 54 milliards d’euros à investir. A horizon 2030, dix objectifs ont été fixés :
- Favoriser l’émergence d’une offre française de petits réacteurs modulaires (SMR) d’ici 2035, et soutenir l’innovation de rupture dans la filière.
- Devenir le leader de l’hydrogène vert et des énergies renouvelables en 2030.
- Décarboner notre industrie afin de respecter l’engagement de baisser, entre 2015 et 2030, 35% de nos émissions de gaz à effet de serre dans ce secteur.
- Produire en France, à l’horizon 2030, près de 2 millions de véhicules électriques et hybrides.
- Produire en France, d’ici 2030, le premier avion bas-carbone.
- Investir dans une alimentation saine, durable et traçable, afin d’accélérer la révolution agricole et alimentaire sur laquelle la France est un pays leader.
- Produire en France au minimum 20 biomédicaments, en particulier contre les cancers, les maladies chroniques, dont celles liées à l’âge et créer les dispositifs médicaux de demain.
- Placer la France en tête de la production des contenus culturels et créatifs, et des technologies immersives.
- Prendre toute notre part dans l’aventure spatiale.
- Investir dans le champ des grands fonds marins.
Afin de permettre la réussite de ce plan et l’atteinte de ces objectifs, six leviers ont été mis en place, par exemple « s’appuyer sur l’excellence de nos écosystèmes d’enseignement supérieur, de recherche et d’innovation ». On notera que les objectifs de France 2030 sont de nature essentiellement technologique, ce qui est cohérent avec la priorité nationale donnée à la deeptech. A première vue, l’implication des SHS dans ces objectifs nationaux n’est donc pas intuitive. Et pourtant, une évolution de la place de ces disciplines dans des projets pluridisciplinaires ou interdisciplinaires s’engage :
Cette intégration des SHS dès la conception des projets, même si la finalité est technologique, avait déjà commencé dès le PIA. Des actions comme « Instituts Convergences », mises en place par l’ANR, s’inscrivaient déjà dans cette dynamique. Cet appel à projets lancés en 2016 favorisait le décloisonnement disciplinaire afin de faire émerger de nouveaux domaines de recherche. Ces centres regroupent des forces scientifiques pluridisciplinaires importantes et bien visibles permettant de mieux faire face aux défis majeurs. Par exemple, l’institut convergence CLand (Université Paris Saclay) portant sur les questions de changement climatique, de production de nourriture ou encore le fonctionnement des écosystèmes mène une recherche interdisciplinaire autour de trois projets complémentaires appelés « Défis de recherche », qui sont :
- Atténuation basée sur les terres et solutions fondées sur la nature,
- Adaptation de la production agricole et forestière face au changement climatique,
- Comprendre et gérer la transition vers une gestion intégrée des terres.
Parmi les disciplines [1] mobilisées au sein de cet Institut Convergence, nous pouvons retrouver notamment les sciences de la terre, la biologie et la biochimie, les sciences économiques et de gestion ou encore les sciences humaines.
Les SHS doivent donc plus souvent à l’avenir être elles aussi pleinement intégrées aux projets de recherche technologique dès leur élaboration pour passer d’une logique de pluridisciplinarité à une logique d’interdisciplinarité sur un objet commun.
Ne ratez pas nos prochains articles sur la place des SHS :
- SHS et innovation où il sera question de l’échelle SRL (society readiness level),
- Le transfert et la valorisation pour les SHS.
[1] Disciplines scientifiques basées sur le référentiel du Conseil National des Universités ; source
