Ils font régulièrement parler d’eux, au rythme d’études publiées et réalisées par des universités ou ONG, démontrant leur présence dans les bouteilles de Coca-Cola [1], de Schweppes [1], d’eaux minérales [2][3] ou de produits alimentaires [4]. Les microplastiques sont effectivement omniprésents dans l’environnement, la fondation Minderoo vous propose d’ailleurs de suivre en direct les « » via leur plateforme The Plastic Forecasts [5]. Difficile alors de ne pas les retrouver dans les produits agroalimentaires. Ces microplastiques en polyéthylène (PE), polypropylène (PP), polystyrène (PS), polyéthylène téréphtalate (PET) ou polychlorure de vinyle (PVC) sont définis comme des particules de moins de 5 millimètres de diamètre et se retrouvent régulièrement ingérées par nos organismes. Sous la dénomination « microplastique », les particules de plastique de tailles inférieures au micron – typiquement quelques centaines de nanomètres – sont généralement incluses.
Source d’inquiétude de la part des consommateurs et industriels, comment va évoluer cette problématique ?
-
La production de plastique explose, et la pollution microplastique avec
Les investissements en Asie et au Moyen-Orient réalisés dans la production de polymères atteignent des records, avec notamment 10 milliards d’euros rien que pour l’usine de TotalEnergies et Saudi Amraco à Al Jubail en Arabie Saoudite. Cette nouvelle usine devrait produire à partir de 2026 un million de tonnes de polyéthylène par an [6]. Avec de possibles surcapacités de production à venir, les prix des plastiques chutent et cette production devrait plus que doubler d’ici 2060, s’élevant à 1 200 millions de tonnes par an.
Cette augmentation des capacités de production répond notamment à la demande croissante en Afrique et en Inde, où la gestion de fin de vie des plastiques n’est pas des plus structurée et efficace. Même en Europe, le volume de déchets plastiques non recyclés augmente, atteignant près de 10 millions de tonnes [6bis]. A l’échelle mondiale, près de 50 % des déchets plastiques sont mis en décharge, tandis que 20 % deviennent des déchets sauvages. Une source de microplastiques pérenne qui n’a pas de frontières [7]. Parce que vous respirez, vous mangez et vous buvez, vous risquez d’ingérer toujours plus de microplastiques.
-
On ne se sait pas encore systématiquement caractériser ces microplastiques et leur impact sur la santé
Répondre à cette problématique des microplastiques dans les produits agroalimentaires nécessite de pouvoir les compter de façon reproductible et fiable, ce qui n’est pas encore le cas. A ce titre, la caractérisation des nanoparticules de plastique, particulièrement nombreuses, s’avère ardu. Les méthodes diffèrent, et aucune norme n’existe à ce jour. Seule l’AFNOR travaille aujourd’hui sur la rédaction d’une norme permettant de caractériser cette pollution microplastique ; elle devrait voir le jour en 2026 [8].
La présence de microplastiques dans l’eau potable suscite évidemment des préoccupations croissantes pour la santé humaine. Une méthode solide et partagée de comptabilisation autorisant les comparaisons est le premier pas vers la compréhension des impacts de ces polluants sur l’homme et son environnement. Les premières étude sur le sujet ne font pas consensus : leurs impacts sur la santé ne sont toujours pas clairement établis et cette évaluation risque d’être – ou de rester – un vrai défi. Il est par exemple difficile d’isoler une variable « microplastique » : la caractéristique taille et la caractéristique chimique ont des effets imbriqués. Dans ce contexte, les molécules chimiques sont trop nombreuses (> 10 000) et les plastiques ne représentent qu’une petite partie de l’ensemble des microparticules [9].
Les microplastiques : un micro-problème ?
D’autres polluants largement répandus ont un impact sur la santé et l’environnement mieux caractérisé tels que les pesticides & insecticides ou les particules fines issues de la combustion. On pourrait toutefois comparer la problématique des microplastiques à celle des PFAS : les plastiques sont indispensables, omniprésents mais leur utilisation occasionne des pollutions diffuses ayant avec des effets difficiles à évaluer sur les organismes vivants. Avec une différence notable : les microplastiques se dégradent beaucoup plus vite. Les microplastiques ne sont évidemment pas un micro-problème, mais cette contamination des produits agroalimentaires .
–
Avec une pollution inévitable et croissante, l’inquiétude portée aux microplastiques et la contamination agroalimentaire va probablement prendre de l’ampleur. Le travail scientifique et normatif commence et peu de changements réglementaires sont à prévoir à court et moyen terme (5-10 ans). L’alcool, le tabac, ou les produits ultra-transformés ne sont pas , malgré un effet néfaste avéré sur la santé. Pour l’établissement d’éventuelles recommandations ou réglementations sur la concentration maximale en microparticules dans l’eau potable, les eaux minérales et aliments, le chemin normatif et réglementaire est encore très long.
De façon préventive, les pouvoirs publics pourraient cependant préconiser certaines meilleures technologies disponibles ou BAT sur la fabrication des emballages agro-alimentaires, leur composition chimique, ou les systèmes de filtration et purification de l’eau [10]. A long terme (>15 ans), la pollution microplastique sera toujours plus importante. Cela étant, les contaminations des produits agroalimentaires pourraient être contenues, avec des réglementations plus strictes telles que des obligations de résultat : seuils de concentration en microplastiques à ne pas dépasser.
Si les réglementations tardent à arriver, la prise de conscience des consommateurs pourrait, elle, accélérer certaines évolutions. La pression des utilisateurs finaux pousse déjà certaines industries à repenser leur utilisation des plastiques. Vous souhaitez anticiper ces évolutions ? Nous vous accompagnons dans vos projets d’innovation, d’études de marché et de scouting technologique pour répondre aux défis de demain.
Contactez-nous pour explorer les solutions adaptées à votre industrie : Stephane.boudin@erdyn.fr
[1] « Du plastique dans le Coca-Cola », Agir pour l’environnement, 22 août 2024
[2] « Rapid single-particle chemical imaging of nanoplastics by SRS microscopy », Proceedings of the National Academy of Sciences, 8 janvier 2024
[3] « Des microplastiques dans l’eau en bouteille », Usine Nouvelle, 21 juillet 2022
[4] « Microplastics and plastics-associated contaminants in food and beverages; Global trends, concentrations, and human exposure », Environmental Pollution, 15 janvier 2023
[5] https://plasticforecast.com/
[6] https://corporate.totalenergies.sa/en/node/5106
[7] https://www.nationalgeographic.fr/que-devient-le-plastique-que-nous-jetons
[8] https://www.afnor.org/actualites/normes-microplastiques-la-france-se-jette-a-leau/