La robotique appliquée aux entrepôts a encore enchaîné les belles prestations cette année 2018 avec plus de huit affaires de plus de 20 $M comme la levée de 140 $M par GreyOrange en septembre.
La robotique des entrepôts est un marché attractif pour les investisseurs. Aux Etats-Unis, les startups Locus Robotics, Fetch Robotics et 6 River System ont chacune levé 25$M en novembre, décembre 2017 et janvier 2018. De même, à Singapour, GreyOrange a réussi à lever 140 $M pour financer son développement en septembre. Les groupes du e-commerce sont très présents dans ce marché. GiantEagle est entré au capital de SeeGrid, Alibaba au capital de Geek+ via son bras logistique Cainiao et Cdiscount va collaborer avec la start-up française Exotec pour robotiser un de ses entrepôts. Les systèmes intégrateurs sont également actifs. La division Robotic & Motion d’ABB a acheté Intrion en septembre et SSI Scäfer, DS Automation en août.
Malgré des investissements croissants, l’image de l’entrepôt uniquement peuplé de robots et d’automatismes reste encore loin à l’horizon. Trois barrières principales seront à dépasser avant l’automatisation complète des entrepôts : la technologie, le coût et l’acceptabilité.
L’aspect technologique, une première barrière pour la robotique
Il n’existe pas de robot manipulateur comparable à l’homme. Attraper un objet se décompose en pratique en deux actions : choisir un item puis le saisir en fonction de sa forme et de son poids estimé. De nombreux prototypes se rapprochent des performances humaines en termes de rapidité ou d’efficacité. RightHand Robotics a ainsi présenté l’une des solutions les plus avancées à l’Automate Tradeshow of Chicago en 2017 : RightPick peut attraper 500 à 600 items à l’heure. Ce verrou devrait être dépassé avec les progrès de l’IA et ses applications.
Le cout des solutions, un autre facteur limitant
Un autre facteur limitant est le coût des solutions. Implémenter une solution dans un entrepôt veut souvent dire s’équiper d’une technologie, mais aussi réorganiser le travail et l’entrepôt en fonction.En 2015, l’implémentation d’une solution complètement automatisée était estimée à un coût de 50 $M par Modern Material Handling pour un ROI positif au bout de cinq à dix ans. Mais les coûts ont diminué avec la démocratisation de la robotique et aujourd’hui FetchRobotic propose des solutions dont les bénéfices dépassent le seuil de rentabilité en moins d’un an. La solution optimale pour un entrepôt dépend également de la région considérée : en Europe où la main d’œuvre est chère la robotique peut être plus intéressante que dans certains pays d’Asie du Sud.
Quelle place tient l’aspect sociétal dans la robotique des entrepôts ?
Même si les entrepôts ont encore besoin d’humains pour réaliser les tâches les plus complexes, la robotisation est souvent perçue comme destructrice d’emploi. Et son image varie énormément suivant les régions observées : en Europe, elle remplace les employés alors qu’en Asie, elle est entrée depuis longtemps dans les mœurs. Pour garantir une bonne acceptation, les arguments « anti » doivent être considérés. Encore une fois, Amazon peut être vu comme exemple : gros employeur aux États-Unis, il communique sur ses vagues successives de recrutement tout en automatisant en parallèle une proportion croissante de ses centres de distributions.
Erdyn suit l’actualité de la robotique et publie ses notes de marchés sur le site de son partenaire Eurostep Digital.