Lancé en début d’année dans le cadre du programme France 2030, un appel à projets national en sciences humaines et sociales (SHS) vise à soutenir l’innovation et la recherche dans ces disciplines. Ce programme, porté par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR), s’inscrit dans une démarche de renforcement des capacités françaises, tout en favorisant la collaboration interdisciplinaire.
Première phase de sélection : diversité et excellence
La première phase de sélection, achevée en juillet, a permis de dégager un panel varié de projets. Parmi les critères d’évaluation figuraient la qualité scientifique, l’originalité des approches, ainsi que la capacité des projets à apporter une réponse novatrice aux enjeux sociétaux contemporains.
Les projets retenus sont désormais invités à soumettre un dossier de candidature final, dans lequel chaque équipe devra préciser ses objectifs, la méthodologie envisagée, ainsi que l’impact escompté de ses travaux. Les exigences pour cette deuxième phase sont élevées, et les candidats sont invités à fournir des éléments détaillés, notamment concernant l’excellence scientifique de leur projet sur la thématique choisie, en exposant une problématisation claire permettant de déterminer les caractéristiques spécifiques du projet, tout en décrivant sa portée à la fois nationale et internationale. Il est également attendu que ces projets participent à l’émergence de pôles nationaux d’expertise et de recherche, en incluant non seulement un volet scientifique, mais aussi une dimension de transfert vers la société, les collectivités territoriales et autres acteurs concernés. Pour en savoir plus sur la valorisation et le transfert en SHS, vous pouvez consulter un de nos articles précédents à ce sujet : article.
Les projets lauréats de la première étape de sélection relèvent de sept thématiques différentes (qui étaient à choisir dans une liste prédéterminée) :
Répartition du nombre de projet lauréat par thématique
A noter que l’une des thématiques de l’AMI n’a eu aucun projet retenu sur cette première phase : « impact social et sociétal de la pratique sportive », ouvrant peut-être la voie à une deuxième vague, d’autant plus si d’autres sujets n’avaient pas de projet retenu par le jury international (la première phase de sélection ayant été faite par le ministère et le SGPI, avec représentation du jury international).
Nous pouvons également constater une diversité importante de types de partenaires, même si, assez logiquement, les universités sont majoritaires (55%).
Répartition du nombre de partenaires par type d’institutions
Quelle géographie des projets au regard des dépenses publiques de recherche par région ?
La carte ci-dessous illustre la répartition géographique des coordinateurs des projets lauréats de la première phase de sélection à travers la France. Chaque région est colorée en fonction du nombre de projets retenus, avec des teintes plus foncées dans les zones qui ont accueilli un plus grand nombre de coordinateurs lauréats.
L’Île-de-France se distingue avec le plus grand nombre de projets lauréats, ce qui reflète la concentration d’importantes forces de recherche dans la région, y compris dans ces disciplines. D’autres territoires, comme le Grand Est et l’Auvergne Rhône-Alpes, présentent également un nombre significatif de coordinateurs lauréats, soulignant la vitalité de la recherche en SHS dans ces zones.
En revanche, on remarque qu’il n’y a pas de coordinateurs de projet dans des régions comme la Bretagne et la Nouvelle-Aquitaine. Une simple corrélation avec la DIRDA ou avec l’importance du soutien des conseils régionaux à la recherche ne suffit pas à expliquer ces disparités.
Localisation des coordinateurs des projets lauréats de la première phase de sélection
Source: Erdyn sur la base du communiqué de l’ANR du 10 juillet 2024
En complément, la carte ci-dessous illustre la répartition des partenaires lauréats, ainsi que la part des DIRDA régionales dans la DIRDA nationale. Plus la teinte de bleu est foncée, plus la part de cette région est importante. Seuls les partenaires localisables sont comptabilisés, ce qui de fait exclut les ONR (organismes nationaux de recherche) afin d’éviter un biais de sur-représentation des régions où ils ont leur siège.
Ce graphique permet de mettre en lumière plusieurs constats intéressants :
- Si le Centre Val de Loire n’a pas de coordination de projet, il se distingue par une proportion de partenaires plus de deux fois supérieures à ce que sa DIRDA pourrait laisser supposer ;
- La Bretagne et la Nouvelle Aquitaine, qui n’ont pas coordonné de projet lauréat, sont aussi nettement sous-représentées parmi les partenaires au regard des DIRDA de ces régions ;
- Concentrant presque 35% de la DIRDA française, l’Ile-de-France concentre une part encore supérieure des partenaires de ces projets (41%) marquant son poids dans les SHS.
De fait, cette carte pose une question intéressante : cet AAP dessine-t-il une cartographie des forces de recherche différente de celle dont on a l’habitude (DIRDA) du fait de son focus sur les SHS et des spécificités des exigences des AAP France 2030 ?
Pourcentage de partenaires par région et part de la DIRDA régionale dans la DIRDA nationale
Source: Erdyn sur la base du communiqué de l’ANR du 10 juillet 2024